De retour de mon dernier voyage à Rome, je fais le compte des escapades effectués cette année et de celles à venir : j'en ai le souffle coupé. Je me sens désorienté. De retour sur la terre ferme, mon premier réflexe : annonce à mes parents que je me retire de leur séjour au Maroc.

Je crois qu'il est temps pour moi de faire une pause. Enchaîner trois longs week end à l'étranger sur cinq semaine a fait de moi un bagage. J'ai eu l'impression d'avoir été transporté comme une valise d'un lieu à un autre. En y réfléchissant, je me suis rendu compte que ce qui me gêne le plus dans ces voyages éclair est la disparition de la sensation de distance. L'avion anesthésie mes sens. Je m'installe, je m'endors et l'atterrissage me réveille. Je me sens beaucoup plus en phase avec le voyage en voiture où en train qui laisse le voyageur un peu plus libre et actif.

Mes souvenirs les plus marquants de vacances sont ceux dont le trajet s'est fait en voiture. Je me rappelle encore du parfum de la route qui mène au Maroc. Sur terre, un rien peut chatouiller nos sens, alors que dans les airs... « Prendre l'avion », une expression qui brise mes envies de voyages. Toutes ces procédures et règles à suivre. Dans tous les modes de transports des consignes s'imposent à nous mais l'avion reste un cas à part. Est-ce vraiment nous qui prenons l'avion ? Sommes nous vraiment les agents de cette action ?

Une fois les portes de l'aéroport franchies, je vois une usine de conditionnement de petits pois. Je suis un petit pois que tous ces gens en uniformes doivent acheminer jusqu'à la bonne boîte. Toutes ces files, ces tapis roulants et escalators...Je suis le bagage des membres de l'équipage. Tout y est si propre et si lisse. Cette sensation de n'être nul part est vraiment déroutante. Finalement, l'aéroport n'est rien de plus qu'un des espaces les plus hiérarchisé que l'homme ait crée. Ainsi je suis incapable de distinguer un grand aéroport d'un autre.

Tout cela est normal après tout, l'avion a été crée dans le but de nous permettre de voyager plus vite. Voyager plus vite c'est être plus efficace. Pour se faire, un mécanisme bien huilé et uniforme est indispensable. Peut être devrions nous créer un nouveau mot pour désigner l'activité qui consiste à « voyager » en avion, qui s'apparente pour moi d'avantage à une téléportation (le détecteur de métaux = tuyaux de Mario).

Je voudrais pouvoir à nouveau tracer une ligne entre mon point de départ et ma destination. Quand je prends l'avion c'est impossible, les deux points ne sont jamais reliés, la ligne est au dessus de la carte dans l'air. Je n'ai pas fait le voyage mais j'y suis allé.

 Dewa.